Mais Stéphanie est une «jusqu’auboutiste». Elle ne veut pas seulement être apicultrice. Elle cherche à conjuguer le miel au «plus-que-parfait». Sans concession sur la qualité. Elle sélectionne toujours des emplacements spécifiques et sains, proches de jachères florales, d’arbres fruitiers et de forêts, afin d’offrir le plus de diversité possible à ses abeilles. Elle travaille main dans la main avec les agriculteurs genevois qui acceptent ses ruches sur leurs terrains et facilitent leur intégration en choisissant des variétés de fleurs susceptibles d’améliorer encore la qualité de ses miels. «Je dois les remercier pour leur travail exceptionnel réalisé dans le respect de la nature», s’enthousiasme-t-elle. «Sans cette attention accrue à notre terroir, je n’aurais jamais pu obtenir le label Bourgeon Bio pour l’ensemble de mes miels.»
Responsable de plus de 500 ruches, sur l’ensemble du canton, Stéphanie Vuadens fait réellement corps avec ses abeilles. Elle respecte leur travail. À un point tel qu’elle est prête, contre toute logique économique, à repousser une récolte si ses abeilles sont en souffrance, c’est-à-dire lorsqu’elles n’ont pas suffisamment de nourriture ou d’eau. Elle les laisse butiner en toute liberté, au naturel, réunissant autant d’ingrédients que possible afin de réaliser leur «plat d’exception» – à l’instar des grands chefs dans leur restaurant. Et ça marche! Déguster un miel de Troinex ou de Vessy, récoltés le même jour, à quelques kilomètres de distance, relève d’un réel voyage gustatif. Si proche, mais si loin en terme de saveurs, de couleurs, de textures… Et, chaque année, il y en a près de 60 crus différents qui passent par sa miellerie !
Pourtant, Stéphanie n’intervient pas dans la production de ce miel. Elle laisse la magie de la nature s’exprimer. Son approche méthodique de l’apiculture la fait parfois passer pour une «obstinée». Elle a ainsi fait développer une machine qui lui permet d’extraire le miel et de le mettre en pot sans jamais le chauffer. «Les abeilles transforment le nectar de fleurs grâce, entre autres, aux enzymes qui se trouvent dans leur salive», explique-t-elle. «Ce procédé de fabrication confère au miel ses vertus nutritives extraordinaires. Mais ces enzymes peuvent se dégrader avec la chaleur et, aussi, avec le temps.» D’où la nécessité de consommer ce miel frais et cru!